août 2020
L’hôtelier
Albert Coutu
Edgar Lachapelle parle de son beau-frère, Albert Coutu, hôtelier du début.
Albert Coutu était mon beau-frère. Il avait épousé Élisa Guimond et moi, cinq ans plus tard, j'allais épouser sa sœur : Rose-Marie Guimond, de Guigues. Coutu arrivait ici à Rouyn au début de 1926-1927. Il venait de Timmins où ses parents avaient déménagé en partant de Lorrainville, à cause des mines qui s'ouvraient en Ontario. Il a travaillé au début, comme beaucoup d'autres, à la journée, puis il a ouvert un petit restaurant non loin de ce qui sera plus tard, J.-A Marchand, rue Principale, près de la rue Perreault-Est.
À l'autre bout de la rue Principale, mais à l'opposé, il y avait une maison de pension. Albert l'a achetée puis il a déménagé son commerce là. Il a dû attendre au printemps pour être tout à fait chez lui, car un locataire occupait une partie de la maison pour tenir une épicerie.
Albert s'est marié en juillet 1930. Le couple demeurait à l'arrière de leur restaurant. Ils ont déménagé en octobre. Albert a décidé d'agrandir son établissement. Il a déménagé dans la partie déjà construite, soit la maison de pension de l'autre côté de la ruelle, mais à I'arrière du terrain. Plus tard, une passerelle reliera les deux parties.
L'hôtel Albert sera construit sur le devant de son lot. Ce nouvel hôtel avait trois étages sur le devant. Au début une dizaine de chambres étaient à la disposition de la clientèle, mais avec la nouvelle construction il y avait trente-cinq à quarante chambres. D'un côté de l'hôtel, il y avait le garage Regaudie, qu'Albert a acheté après le feu de son hôtel.
Quand Nil Larivière de Rouyn fut élu député, Albert a obtenu une licence pour vendre de la bière. Dans le temps, la bouteille se vendait 0,35 $, un repas, 0,30 $, une chambre, de 4,00 $ à 5,00 $ ; celles-ci étaient rares à cause du va-et-vient par rapport aux mines et à la forêt. La C.I.P. s'était installée par ici, ce qui amenait bien des hommes de bois à « monter » et « descendre » dans le bois, et l'hôtel Albert se trouvait le principal hôtel et le plus central. Les couples qui se présentaient là pour coucher devaient donner une preuve qu'ils étaient légalement mariés.
Quand le gouvernement a mis une taxe sur les repas, Albert a augmenté sa bière à 0,37 $ jusqu'au début de la guerre. Les affaires économiques se sont relâchées pendant quelque temps, mais les prix ont augmenté.
Dans la nuit du 11 au 12 novembre 1938, I'hôtel Albert passait au feu. Construit dans les années 1934-1935, il fut complètement détruit et plusieurs personnes périrent tandis que plusieurs autres parvenaient à s'enfuir, dont mon beau-père, M. Guimond, qui avait couché là ce soir-là Il a sauté sur le garage de Regaudie et, de là, sur la terre ferme.
De la rue Perreault-Est où nous demeurions, j'ai dit à mon épouse, en apercevant les flammes : « C'est l'hôtel Albert ! » Nous nous y sommes rendus en vitesse. Madame Coutu avait déjà traversé l'hôtel Windsor, situé en face, avec ses deux enfants. Elle était enceinte d'un troisième : Carmen. Nous les avons ramenés en taxi chez nous ; c'était M. Audet qui avait un poste de taxi sur la rue Gamble.
Je suis retourné sur les lieux pour porter secours aux autres. Mon beau-frère Albert était en pyjama. Le feu avait atteint l'hôtel Commercial, puis l'établissement Bastien, et jusqu'au magasin Reilly où il y avait des sprintklers (appareils d'arrosage) qui avaient empêché l'incendie d'aller plus loin. De l'autre côté de l'hôtel Albert, le garage Regaudie y avait passé également.
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